Ici il y a le coin des lithographes, un mur de pierres calcaires bien rangées dans leur rayon, une presse soit quelques centaines de kilos sauvées de la casse par une bande de rêveurs.

Là, le coin des typographes où sont classés les milliers de lettres de plomb dans une vingtaine de casses », autres débuts de l’imprimerie qui prennent leur lettre de noblesse, vieux outils, vieilles machines qui respirent le calme des usines à l’arrêt depuis que l’offset et le numérique les ont tuées.

Au centre de la pièce aux grandes fenêtres trône une presse qui sert à l’impression des cuivres et des bois.

Comme en musique, l’atelier c’est tout un orchestre en marche, dont chaque rumeur, chaque coup de gueule s’imprimera dans la blancheur accueillante des papiers précieux, papiers Arches, Rives, Hahnemühle, Zerkall, Somerset, Fabriano, Van Gelder, papier chiffon, torchon, de lin, papier de riz et d’Arménie.

Ici se côtoient et s’activent le taille-doucier, l’aquafortiste, le lithographe, le buriniste et le xylographe, ces oiseaux rares nés de la déglingue industrielle du 20e siècle, ces attardés aux mains d’or noircies d’encre. Les couleurs, les noir et blanc, les portraits et les guerres, les pinocchios américains, les jongleurs, les livres, affiches et images s’estampent et se marouflent dans la pulpe cotonneuse de papiers amoureux.

Ici le soleil et l’ombre nous accompagnent dans nos voyages imaginaires d’où nous glanons d’indispensables utopies.

Jean Coulon